08 janvier 2021
Interlude / Carnet en images
Ah, que la vie est quotidienne ! soupirait le poète Jules Laforgue. Pourtant, ce quotidien est aussi une richesse, surtout en cette période durant laquelle je ne regrette pas de vivre à la campagne, à l'écart et riche du temps qui permet de garder les yeux ouverts.
En blanc et rouge
Dans la matinée, derrière la maison
Le soir au même endroit
Premiers pas dans la neige (mon petit-fils)
Linette
Silence
Linette au petit soleil d'hiver
Passages
Toujours à portée de main depuis mes seize ans, ma vieille édition de poche des poésies de Jules Laforgue
(Images, Christian Cottet-Emard)
02:08 Publié dans carnet, Photo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jules laforgue, poésie, carnet, note, journal, image, photo, campagne, hiver, neige, arbre, christian cottet-emard, ciel, chat, félin, empreintes, quotidien, contemplation, détente, promenade, blog littéraire de christian cottet-emard, parapluie, silhouette
10 avril 2015
Carnet / De l’étendage
Grand soleil et petite bise depuis quelques jours, l’idéal pour les lessives qui sèchent vite en plein air.
Étendre du linge et des draps dans la lumière d’une belle journée réveille toujours en moi mes premiers souvenirs poétiques.
Enfant, je m’attardais souvent au milieu de l’étendage où j’entrais comme par effraction dans un monde de silhouettes furtives, dans une cabane aérienne. C’était comme ouvrir la porte d’un nuage parfumé où je pouvais me promener. « On t’a vu ! » disaient les adultes qui me croyaient trahi par mon ombre alors que je ne cherchais pas à jouer à cache-cache.
Aujourd’hui, à bientôt cinquante-six ans, c’est pour moi la même sensation, intacte.
L’étendage est un espace-temps miniature, un monde intermédiaire qui rend l’instant habitable. Le temps, à l’instar des étoffes, peut y être lui aussi suspendu. On le voit par exemple dans le film d’Ettore Scola, Une Journée particulière, dans une séquence où Sophia Loren et Marcello Mastroianni dialoguent au milieu du linge étendu sur le toit d’un immeuble. J’ai aussi en mémoire le début d’un de mes films fétiches de Federico Fellini, Amarcord, qui commence par des draps qui bougent dans le vent.
La lessive confiée à l’air et à la lumière a toujours fait pour moi référence à la joie, même dans les périodes de doute ou de désarroi.
C’est après avoir suspendu une lessive dehors que j’avais écrit ce texte intégré à mon recueil L’Alerte joyeuse, dans les années 90 :
Avant le linge et les draps rendus au vent utile, j’avais oublié la présence de l’air.
Est-ce possible ? Autant ne plus se souvenir de vivre ! Qu’est-ce qui peut distraire quelqu’un de la présence de l’air ?
Peut-être quelque chose ou quelqu’un d’autre qui n’existe pas mais qui règne.
Peut-être un vide qui prend toute la place, y compris celle de l’air ?
Linge et draps de ma maison, étendards de mes retrouvailles avec l’air, voiles de mes départs et de mes retours, montrez-moi qui, de mon ombre ou moi-même, sait le mieux habiter le courant des nuages.
(© Éditions Orage-Lagune-Express, 1997)
03:09 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : carnet, note, journal, écriture de soi, prairie journal, blog littéraire de christian cottet-emard, autobiographie, christian cottet-emard, linge, drap, étendage, lessive, air, vent, lumière, bise, silhouette, nuage, étoffe, tissu, cinéma, temps, espace, ettore scola, une journée particulière, sophia loren, marcello mastroianni, espace temps, amarcord, federico fellini, poésie, l'alerte joyeuse, éditions orage-lagune-express, droits réservés, copyright