30 août 2011
Carnet de l’Embouteilleux
Dimanche, j’ai fumé un Condal, cigare des Canaries. Agréablement surpris par ce cigare doux, léger, floral, à la cape soignée. Un cigare sans prétention qui s’alliera fort bien, à l’heure du goûter, à un carré de chocolat noir.
Lundi à lire et à rêvasser sous les deux parasols. Après quelques minutes de lecture, un frôlement me fait lever la tête et je me retrouve alors au milieu d’un ballet silencieux, le vol tout en grâce et en précision de dizaines d’hirondelles pourchassant des essaims de petits insectes en suspension au-dessus de la pelouse. Le chat en a interrompu sa sieste, en pure perte heureusement.
En fin d’après-midi, seconde promenade au lac jurassien de l’Embouteilleux. La dernière fois, la floraison des épilobes se reflétait dans l’eau. Aujourd’hui, les fleurs pâlissent et la brise s’empare des poils blancs et soyeux de leurs graines.
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18 août 2011
Carnet du second degré
J’ai déjà dit dans ces carnets qu’il m’arrivait d’écouter certaines œuvres d’Edward Elgar (1857-1934) « au second degré » tant cette musique au demeurant superbe mais marquée de lourde nostalgie impériale franchit difficilement le mur du son du goût français, ce qui explique d’ailleurs la méconnaissance du public français à l’égard de ce très grand compositeur considéré par les britanniques comme leur musicien officiel.
Mais ceci est encore plus vrai pour William Walton (1902-1983) , son successeur si je puis dire, dans la veine impériale de certaines de ses compositions telles que la Marche pour une Histoire des peuples anglophones. Point de nostalgie d’Empire dans cette pièce datant de 1959, écrite à l’origine pour le générique d’une série télévisée, mais une tradition de rythme et d’orchestration irrésistible, caractéristique de cette esthétique. Dans cette veine, il me semble toutefois déceler chez Walton un soupçon d’ironie, ce qui me ramène à cette notion d’écoute au second degré.
Cependant, qu’on ne s’y trompe pas, Elgar comme Walton dans leurs musiques symphoniques et chorales respectives, sont deux compositeurs aux œuvres considérables, même si celle de Walton fut injustement occultée dans les années soixante du vingtième siècle par une avant-garde de musiciens plus tournés vers l’expérimentation formelle.
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09 juillet 2011
Carnet des gentianes et des chardons bleus
Bel été du Haut-Jura. Rose éclatant des massifs d’épilobes. Chardons bleus. Gentianes. L’odeur des foins. Promenades non pas mahleriennes ainsi que j’ai la manie de qualifier mes balades estivales mais, ces temps-ci, walseriennes.
Le premier livre que j’ai lu de Robert Walser est La Promenade. Dans ce texte comme dans l’œuvre de Walser en général, on est encore dans l’univers faussement bucolique de la fantaisie du voyageur avec le vieux thème romantique du rêveur sans qualité partant au hasard des chemins. La petite musique des Scènes de la vie d’un propre à rien de Joseph von Eichendorff (1788-1857) est toujours perceptible chez Walser qui lui apporte cependant de plus en plus insistantes dissonances. Walser, né en 1878, était un grand marcheur, jusqu’à sa mort dans la campagne enneigée le jour de Noël 1956.
Dans son roman Les enfants Tanner publié en 1907, Walser lance Simon, son personnage principal, grand marcheur lui aussi, sur un long chemin dans la campagne hivernale où il trouve le corps gelé du jeune poète Sebastian. Walser décrit le chapeau qui recouvre le visage du défunt.
Saisissante description lorsqu’on pense à la célèbre photo de Walser gisant dans la neige où l’on voit les pas qui s’arrêtent et le chapeau qui a roulé par terre. Jeune romancier, Walser fixe un instant qui sera celui de sa propre fin presque cinquante ans plus tard.
01:09 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : robert walser, joseph von eichendorff, fantaisie du voyageur, romantisme, promenade, les enfants tanner, scènes de la vie d'un propre à rien, épilobes, gentianes, chardons, christian cottet-emard, littérature, marche, carnet, blog littéraire de christian cottet-emard