31 janvier 2012
Estime-toi heureux
Estime-toi heureux
De ne pas manger des limaces et des insectes
D’être
D’être ailleurs
De n’être pas idiot
De n’être pas génial
D’avoir
D’avoir eu
D’avoir été
De ne pas avoir la chair de poule
De ne pas avoir l’air d’avoir l’air
De vivre
De ne pas vivre trois jours
De ne pas vivre trois millions d’années
De voir
De voir ton ombre
De n’être pas vu par ton ombre
D’aimer
D’aimer les crocus
De ne pas aimer tout aimer
De t’estimer
De ne pas t’estimer à combien
De ne pas en être arrivé là
D’en être arrivé là
De pouvoir
De pouvoir t’estimer
De t’estimer pouvoir
De pouvoir t’estimer heureux
© Éditions Orage-Lagune-Express 2011. Droits réservés.
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17 novembre 2011
La bonne étoile
Tu regardes toujours à la fenêtre avant de te coucher car ce que tu vois dehors dans le halo du dernier réverbère est ta vie
Dans ce tableau nocturne le pré quelques buissons l’orme les frênes le chat la route où trotte parfois presque tranquille le renard
Pas grand-chose en somme mais tout ce dont pouvait sans doute rêver le pauvre gars dans les tranchées quelle chance fut la tienne de n’être pas ce pauvre gars
Ce clair de lune encadré par la fenêtre quel luxe cette fenêtre entre toi et le monde quelle chance
© Éditions Orage-Lagune-Express 2011. Droits réservés.
Clair de lune derrière la maison (photo Christian Cottet-Emard).
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10 septembre 2011
Carnet de la brocante
Plus j’avance en âge, plus je purge souvent ma bibliothèque. Les livres victimes des dernières descentes finissent à la brocante annuelle de mon village où l’on peut manger des frites, des gaufres et d’excellents michons, la spécialité diététique du coin. Je m’y promène en fumant un havane pendant que les nouvelles ligues de vertu n’ont pas encore réussi à interdire de fumer en plein air.
Une année, la lubie me prit de tenir moi-même un stand sous le regard horrifié d’une ancienne collègue de passage qui me crut tombé dans la misère et qui, à ma grande satisfaction, s’en alla claironner la nouvelle dans tout le canton.
Cette année, le rescapé de la brocante est le petit livre de V. S. Naipaul, Comment je suis devenu écrivain (poche 10/18). Il ne doit son salut qu’à quelques lignes relues par hasard:
« J’ai dit que j’étais un écrivain d’intuition. C’était le cas, et il en va encore ainsi aujourd’hui que je suis si près de la fin. Je n’ai jamais eu de plan. Je n’ai suivi aucun système. J’ai travaillé intuitivement. Mon but était chaque fois de faire un livre, de créer quelque chose de facile et d’intéressant à lire. À chaque étape, il me fallait travailler dans les limites de mes connaissances, de ma sensibilité, de mon talent et de ma vision du monde. Tout cela s’est développé livre après livre. Et il me fallait écrire ces livres, parce qu’il n’en existait aucun sur ces sujets qui me donnât ce que je voulais. Je devais défricher mon univers, l’élucider, pour moi-même. »
La photo du michon vient d'ici.
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