Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

24 juillet 2014

Un crachat du diable dans le jardin

le règne végétal,pierre gascar,gallimard,presse,édition,mes collaborations presse,blog littéraire de christian cottet-emard,revue germes de barbarie,nostoc,cyanophycées,crachat du diable,crachat de la lune,littérature,botanique,pluie,photo de nostoc,photo et texte christian cottet-emard,éditions germes de barbarie« Je l’ai découvert un jour, par un été pluvieux, en marchant dans les chemins et sur les routes ; je l’avais vu sans doute des milliers de fois, sans qu’il eut retenu mon attention, car il se confond facilement avec les petites plantes inidentifiables et les débris de végétaux qui recouvrent le sol. Peut-être s’était-il brusquement multiplié ou le hasard m’avait-il conduit à un endroit où il se trouvait en abondance: l’alpha et l’oméga de la nature m’y attendaient. » - Pierre Gascar -

De quoi parle-t-il Pierre Gascar dans ces lignes extraites de son livre Le Règne végétal ? Simplement d’une sorte d’algue si humble, si obscure et si commune que nous ne la remarquons que pour l’écraser du pied. Et encore... Lorsqu’il pleut, car par beau temps, elle devient presque invisible. Invisible certes, mais toujours présente.

le règne végétal,pierre gascar,gallimard,presse,édition,mes collaborations presse,blog littéraire de christian cottet-emard,revue germes de barbarie,nostoc,cyanophycées,crachat du diable,crachat de la lune,littérature,botanique,pluie,photo de nostoc,photo et texte christian cottet-emard,éditions germes de barbarie

Nostoc photographié hier derrière la maison

Le nostoc ou crachat du diable voire crachat de la lune est une sorte d’algue bleue de la famille des cyanophycées à laquelle le romancier s’est intéressé de près. Ce végétal qui se présente sous la forme de masses gélatineuses, humides, profite au mieux de l’été pourri.

On note sa présence partout alentours, après un orage, une averse. À la moindre pluie, il se gonfle d’eau pour former ces sortes de bulbes verdâtres «posés» sur le sol. Par temps sec, il se réduit à l’apparence d’un terne lichen, encore que le mot lichen soit impropre lorsqu’on évoque ce végétal qui était sur terre au commencement des âges et qui nous survivra ainsi qu’à toute forme de vie.

Au-delà de la nuit

Ce qu’écrit Pierre Gascar à propos du nostoc appelle à la réflexion. Le nostoc a « la particularité d’absorber l’énergie lumineuse en deçà du spectre solaire perceptible, dans le domaine des infrarouges. » Lorsqu’on sait que la fin de notre monde sera liée sur une échelle de millions d’années à l’extinction du soleil qui deviendra de plus en plus rouge, seul le nostoc survivra à ce phénomène qui aura engendré la suppression de toute vie animale, la fonction chlorophyllienne ne s’exerçant plus en l’absence du rayonnement ultraviolet.

Il est même probable que le nostoc parviendra dans ce crépuscule préludant à la nuit définitive à extraire encore d’une autre étoile au lointain rayonnement le peu de lumière, invisible pour des yeux humains, nécessaire à sa survie. Avec un peu de rosée (elle se formera encore dans ce contexte) il survivra et sera probablement le dernier brin de vie sur la Terre.

Si vous voulez voir à quoi ressemble le crachat du diable, attendez la pluie et regardez par terre dans le jardin ou sur un chemin.

CC-E

Le Règne végétal de Pierre Gascar est publié aux éditions Gallimard.

(J'ai publié cet article dans la presse quotidienne et dans le n° 6 de la revue Germes de barbarie)

13 juillet 2014

Carnet / De l'été pourri, des fêtes qui sonnent faux et d'un passereau qui s'en sort

Tout récemment lors d’une brève éclaircie, un passereau s’est cogné contre la fenêtre en voulant gober un insecte. Je suis sorti pour le retrouver probablement mort en bas des marches et j’ai fini par le localiser au milieu des herbes détrempées. J’ai vu ses yeux révulsés mais sa petite tête qui dodelinait faiblement  m’a encouragé à l’envelopper dans un mouchoir en papier pour ne pas l’imprégner de mon odeur et à le déposer sur le bord de la fenêtre. Il est resté là sous cette couverture improvisée et, au bout d’un long moment, il s’est dressé sur ses pattes et s’est envolé dans les frênes. Je n’ai pas pu identifier son espèce. En tous cas, ce n’était pas un bouvreuil comme la dernière fois. J’ignore s’il s’en est sorti (son cœur n’a peut-être pas tenu le choc et il est peut-être allé mourir un peu plus loin) mais l’espoir est permis.

été,été pourri,météo,prairie journal,carnet,note,écriture de soi,passereau,fête,kermesse,ballon,vélo,tour de france,pluie,brouillard,juillet,état d'âme,lièvre,renard,félin,blog littéraire de christian cottet-emard,ver luisant,lampion,idylle,goutte d'eau,évier,bilan,dévouement,bénévole,vie associative,association,automne,hiver,lumière,obscurité,ombre,ténèbres

 Photo : premiers brouillards d'automne ? Non. Début de soirée estivale devant ma maison vers 19h ces derniers jours ! Impressionnant non ?

Le jour suivant, un gros lièvre a tranquillement traversé la pelouse devant la baie vitrée pendant que je prenais mon petit déjeuner. J’ai aussi surpris le renard à deux reprises vers deux heures du matin pendant que je me tenais immobile dehors devant l’entrée de la maison. Un autre soir pluvieux, j’ai eu la surprise de repérer un ver luisant à quelques mètres de la porte d’entrée. J’ai cru qu’il s’agissait d’un reflet dans une goutte d’eau mais non, c’était bien un ver luisant qui maintenait allumé son minuscule lampion vert bleuté dans l’espoir têtu de vivre une idylle quelle que soit la météo.

 Durant la semaine qui a précédé ce week-end j’ai retrouvé, dans la pénombre de ces jours qui devraient rayonner de lumière, les gestes de l’hiver. J’ai vidé les dernières cendres que j’avais oubliées dans la cheminée en pensant que la prochaine flambée serait pour un soir d’automne et, deux soirs de suite, j’ai allumé un feu tant les averses et le brouillard avaient enveloppé la maison d’une froide humidité. Il fait si mauvais que la chatte Linette a trouvé moyen de s'enrhumer à force de chasser dans les foins mouillés.

Ma seule (et maigre) consolation en ce ténébreux juillet est de voir (de loin) toutes les sinistres et minables kermesses organisées à grand renfort de banderoles et de sonorisations ineptes autour du vélo national emportées comme l’eau sale dans l’évier. Je ne vais pas me rendre sympathique en écrivant cela mais de toute façon, je n’ai jamais de ma vie écrit une ligne pour être bien vu (même quand j’étais payé pour « rendre hommage au dévouement des bénévoles » sans qui aucun bilan ne saurait être qualifié de « globalement positif » . Je ne vais pas commencer à cinquante-quatre ans !

07 juillet 2014

Par pluie comme par beau temps

poèmes de preben mhorn,fiction,littérature,note,journal,pluie,beau temps,climat,été,été pourri,saison,dépression,pialat,maurice pialat,cinéma,sous le soleil de satan,palme d'or,cannes,blog littéraire de christian cottet-emard,campagne,jura,tracteur,agriculteur,scientifique,irresponsable,plaisir,vie,anomalie climatique,couvercle,ciel bas,dépression saisonnière,planète terreDans le Jura français où j’habite il fait tellement mauvais qu’il faut allumer même en été si l’on veut prendre le café à l’aube

Un scientifique et un agriculteur me disent chacun dans leur langue et sans jamais s’être rencontrés que je suis un irresponsable de ne pas aimer les étés pourris 

« Le beau temps est une anomalie climatique » m’explique le premier

« Tu préfères peut-être sucer des cailloux comme au désert » m’engueule le second sans prendre la peine d’arrêter le moteur de son tracteur assourdissant et puant

Le pire c’est qu’ils ont tous les deux raisons ils savent de quoi ils parlent

Mais ce qu’ils ne savent pas ou qu’ils ont relégué sur une voie de garage de leur cerveau c’est qu’être irresponsable est l’un des plus rares et des plus brefs plaisirs de la vie

Je pense à la réplique de Pialat en les regardant «Vous ne m’aimez pas je ne vous aime pas non plus»

Pas grave

Nous savons tous que nous ne sommes pas sur la planète Terre pour nous aimer les uns les autres mais juste pour

Nous maintenir en vie le plus longtemps possible et

Par pluie comme par beau temps éviter la dépression

 

Photo : l'été jurassien dans toute sa splendeur vu de chez moi en ce mois de juillet

(Extrait de Poèmes de Preben Mhorn) © Éditions Orage-Lagune-Express