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27 mai 2023

Ni oubli ni pardon :

Un rappel de l'avocat Pierre Gentillet : la folie.
 
 
 
 

13 décembre 2018

Carnet / Le jaune lui va si mal

politique,société,contestation,protestation,gilets jaunes,macron,président de la république,chef de l'état,europe,union européenne,france,nation,souveraineté nationale,factions,légitimité présidentielle,abstention,vote castor,identité,identité nationale,immigration,multiculturalisme,nuit de bout,crise politique,émeutes,blog littéraire de christian cottet-emard,élections anticipées,élections européennes,souveraineté nationaleQuelle légitimité détient encore aujourd’hui le chef de l’État qui, après seulement dix-huit mois de mandat, a réussi le prodige de plonger le pays dans une situation quasi insurrectionnelle ? On n’en voit guère d’autre que celle, normale, de la procédure de son élection dont il faut quand même rappeler qu’elle se fit avec un taux d’abstention record et le vote par défaut, le fameux vote castor (barrage à l’extrême droite).    

Ce n'est même plus désormais une question idéologique. Ce président est un technocrate, de surcroît trop jeune pour gouverner, qui ne sait pas ce qu'est un pays et qui de ce fait est dangereux. Il devrait admettre qu'il n'a pas la stature et organiser des élections anticipées, ce qui lui permettrait une sortie honorable, d'autant que si la crise ne se calme pas, ses derniers soutiens le lâcheront.

Cet effritement de la légitimité présidentielle est inquiétant car de nombreuses factions politiques, ethniques et religieuses sont en embuscade pour semer le chaos.

Le principal mérite des gilets jaunes est d’avoir révélé l’extrême fragilité de cette légitimité. Ils ont réussi à démontrer qu’ils étaient face à un président hors-sol, incapable de comprendre la nature profonde d’une nation qui ne peut être dirigée comme une entreprise, gestionnaire falot de l’entité financière européenne et liquidateur d’une identité nationale abandonnée à l’immigration non maîtrisée et au multiculturalisme.

Mais au-delà de cette réussite protestataire des gilets jaunes se pose la question de l’avenir de leur mouvement. Sa principale faiblesse est le caractère hétéroclite de ses membres et de leurs revendications parfois contradictoires.

La contestation des gilets jaunes est certes à prendre plus au sérieux que celle, pathétique et défunte des bobos de nuit debout, mais on peut craindre qu’à terme, ces mouvances allergiques à toute forme de structuration officielle ne soient  que des auberges espagnoles du mécontentement ouvertes contre leur gré à tous les vents de l’émeute et de la sédition voulues par les extrémistes de tous bords.

Les démocraties occidentales, aussi imparfaites soient-elles, se gouvernent au centre par contrat social mais on voit bien depuis les errances de l’Union Européenne que leurs dirigeants ne peuvent maintenir ce contrat que dans le cadre d’un retour à la souveraineté nationale. Si cette volonté s’exprime massivement au prochain scrutin européen, le président hors-sol venu du monde de la banque pourra préparer, le temps de la fin de son mandat, son retour aux affaires... financières, les seules qu’il connaisse.

 

01 mars 2016

Carnet / De l’individu et de la collectivité

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Un décalage de plus avec mon époque : je suis friand de littérature autobiographique. La vie et les états d’âme d’une personne m’intéressent beaucoup plus que son travail et son éventuel engagement dans la société. Même si l’autobiographie comporte de la complaisance, des accommodements avec la réalité, j’estime que la manière dont quelqu’un raconte sa vie renseigne sur sa personnalité unique et son regard particulier sur le monde. Comment cette personne considère-t-elle son environnement ? Quelle attitude adopte-t-elle dans la vie ? Comment s’organise-t-elle dans le chaos de l’existence, comment arrive-t-elle à trouver de l’agrément, de l’intérêt à la vie ? Comment se débrouille-t-elle dans l’organisation de la vie matérielle ? Quelles relations parvient-elle à nouer ? Quels sont ses rêves, ses espoirs, ses renoncements ? Comment tout cela peut-il être comparé à ma propre vie et quel enseignement puis-je en tirer ? Comment quelqu’un devient-il lui-même ?

Cette dernière question revêt pour moi une importance cruciale car c’est à mon avis le sens premier de notre passage terrestre s’il y en a un, non pas ce que nous pouvons faire mais ce que nous pouvons être : probablement des ombres furtives mais certaines d’entre elles pouvant être plus contrastées que d’autres.

Animé par ces préoccupations récurrentes, je me suis procuré les Carnets d’Henry James dont Folio classique vient de sortir une édition. J’ai choisi de commencer ma lecture de ce fort volume par les carnets II et VII qui relèvent plus de l’autobiographie que les autres dans lesquels Henry James ouvre plutôt une fenêtre sur son « atelier d’écrivain » .

Ravage de la mobilité géographique professionnelle contrainte : de plus en plus d’individus et de couples se retrouvent isolés dans la région où ils ont trouvé un emploi le plus souvent précaire, ce qui les obligera à bouger de nouveau sans avoir eu le temps de créer des liens amicaux durables. Résultat : des personnes en difficulté au moindre mauvais coup du sort, notamment un ennui de santé. Pas de famille proche pour apporter de l’aide, une aide souvent élémentaire qui consiste simplement à apporter soutien moral, matériel et réconfort à l’occasion d’une hospitalisation. Si la famille est à des centaines de kilomètres, détruite ou inexistante, c’est l’angoisse de la solitude malgré le travail des assistants sociaux.

Cette réflexion me vient après un rapide échange ces derniers jours avec une personne dans ce cas. Je suis particulièrement sensible à cette problématique de la mobilité géographique professionnelle non choisie et de l’absence de famille parce que j’ai moi-même la double chance de choisir de rester chez moi et d’avoir une famille unie et aidante. La famille, lorsqu’elle fonctionne normalement, est le dernier rempart, l’ultime refuge lorsque la société devient hostile. Je peux même personnellement témoigner que la famille peut être un vrai contre-pouvoir même si les soixante-huitards la considéraient comme le lieu central de l’oppression et de l’ordre établi.

Or, on constate aujourd’hui que cette détestation de la famille caractéristique de la pensée contestataire de 1968 trouve un prolongement et un écho inattendus dans l’esprit des forces les plus réactionnaires de la société, notamment le patronat qui a tout intérêt à disposer d’un réservoir de plus en plus grand d’individus isolés et coupés de leur racines, bien plus vulnérables et corvéables que des personnes bien ancrées dans un environnement social et humain solidaire et structuré.

Finalement, le célèbre « famille je vous hais » des révolutionnaires d’antan peut aujourd’hui être repris en choeur avec profit par les représentants les plus conservateurs du nouvel ordre établi qui avance, comble de l’ironie, sous les masques de la modernité et de la réforme (suivez mon regard du côté d’El Khomri, Macron et consorts).

Jusqu’à une époque encore toute récente, la famille était le ciment de la société alors qu’aujourd’hui, la société semble de plus en plus trouver son intérêt à la détruire. Cette aberration nous prouve qu’en certaines circonstances, non contente de ne plus protéger ses membres, la société peut tout à fait les mettre en danger.

L’illustration la plus radicale d’un tel phénomène a été fournie par la première guerre mondiale durant laquelle le premier ennemi des soldats n’était pas les soldats du camp adverse mais leur propre pays, ainsi qu’on a pu le constater lors des épisodes les plus absurdes et terrifiants de ce conflit qui a fait dire au brave Anatole France : « on croit mourir pour la patrie et on meurt pour les industriels » . En ces temps où l’on commémore Verdun, gardons bien à l’esprit cette clairvoyance.