15 juillet 2015
Carnet / De la guitare de Sergio Laguado et de la voie lactée
Un jeune guitariste traverse depuis quelques temps les soirées de la belle saison comme une étoile filante. Les scènes, les terrasses et parfois les voûtes des églises répercutent l’écho de ses musiques rêveuses, voyageuses, ensorceleuses. Il s’appelle Sergio Laguado et si votre regard s’arrête sur son nom sur une affiche ou sur internet, s’il passe près de chez vous, ne le manquez pas.
Je l’ai écouté pour la première fois au printemps à Oyonnax au festival Chromatica dans l’atelier de l’artiste plasticien Jacki Maréchal où il est revenu tout récemment pour une deuxième soirée précédée d’une autre prestation oyonnaxienne au bar le Sporting.
Ambiance de café ou de concert, il semble à l’aise partout, à la fois décontracté et concentré, discret mais très présent. Public varié ou amateurs éclairés, tout le monde dresse l’oreille et en redemande.
Il faut dire que Sergio Laguado a quelque chose de plus qu’un talent d’interprète, quelque chose de plus qu’une maîtrise instrumentale, quelque chose de plus qu’un style, quelque chose qu’on ne peut pas désigner par des mots mais que chaque auditeur ressent au plus profond de lui-même dès les premières mesures.
Sa guitare raconte des histoires de pays lointains, des traditions qui traversent les siècles et les océans, des joies légères et de secrètes mélancolies.
Je crois que l’une des caractéristiques de ce musicien consiste peut-être à libérer les répertoires populaires et savants de leurs excès de patine.
Sergio Laguado apporte son classicisme technique aux musiques populaires et sa créativité sans emphase, toujours respectueuse de l’esprit et de la lettre, au répertoire classique. Sa volonté de transmettre une voix, qu’il s’agisse de celle d’un compositeur ou d’une tradition, irrigue et fertilise son style personnel qu’il ne théâtralise jamais.
Il a non seulement l’art de souligner avec une rare sobriété de jeu l’élégance originelle des musiques traditionnelles sud américaines dont il enrichit ses programmes mais encore une fascinante capacité à exprimer les univers propres à ses compositeurs de prédilection, qu’il s’agisse du vénézuélien Antonio Lauro (1917-1986), du colombien Gentil Montana (1942-2011), de l’afro-brésilien Celso Machado (né en 1953) ou des espagnols Francisco Tarrega (1852-1909) et Isaac Albéniz (1860-1909). J’espère qu’il enregistrera vite un disque. En attendant, guettons ses affiches !
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Ce soir, sous l’opalescence de la voie lactée, au milieu des myriades d’étoiles révélées par l’absence d’éclairage public, je ne suis pas mécontent de moi car j’ai réussi à rester cinq minutes sans penser à ce qui me tourmente jour et nuit depuis deux ans.
Ce bref moment d’immobilité dehors, dans les plis du grand rideau nocturne à peine entrouvert par les petites lanternes solaires disposées sur la table blanche de la pelouse a intrigué la chatte Linette venue de je ne sais où se frotter contre mes jambes avec l’air de demander : qu’est-ce qui t’arrive à rester ainsi debout sans bouger dans l’herbe ? Lorsqu’elle a constaté que tout était quand même normal, elle est repartie patrouiller sous les frênes pour continuer à s’assurer de l’intégrité de son territoire.
04:11 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : carnet, note, journal, écriture de soi, autobiographie, prairie journal, musique, guitare, sergio laguado, guitariste, musicien, interprète, concertiste, atelier jacki maréchal, bar le sporting oyonnax, été, étoiles, voie lactée, blog littéraire de christian cottet-emard, ain, jura, rhône-alpes, franche-comté, francisco tarrega, espagne, antonio lauro, vénézuela, gentil montana, colombie, celso machado, brésil, isaac albéniz, lanternes solaires, nuit d'été
29 juin 2015
Carnet / Du blocage
Trois livres prêts mais bloqués, l'un pour des raisons idéologiques (au sens le plus faible du terme), l'autre pour des raisons relationnelles, et le troisième pour des raisons techniques. Et les vacances d'été ne vont pas faire avancer les choses. Encore heureux que cela n'ait aucune importance financière ! Attendre et voir venir, naviguer à vue, bref, s'en foutre... Du moment qu'il fait beau et qu'on peut se promener à deux pas de chez soi, au Portugal, en Espagne ou en Italie... Comme le répète un des personnages de ma nouvelle Hafner et autres malices, (dans Dragon, Ange et pou, éditions Le Pont du Change) après tout, qu'est-ce que ça peut faire ?
Azulejos de la salle des pas perdus de la gare de Porto (détail)
02:01 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : carnet, note, journal, autobiographie, écriture de soi, blog littéraire de christian cottet-emard, portugal, italie, espagne, promenade, voyage, vacances, tourisme, flâner, flemmarder, paresser, attendre, voir venir, naviguer à vue, s'en foutre, dragon ange et pou, hafner et autres malices, éditions le pont du change, lyon, rhône-alpes, france, europe, christian cottet-emard, épisode, publication, édition, littérature, azulejos, gare de porto, douro, navigation sur le douro
25 juin 2015
Carnet de Porto / Un peu plus qu’un rêve
En me promenant dans les grandes villes européennes depuis les années 80, je me suis toujours amusé à imaginer la vie quotidienne que je pourrais mener si je m’installais en ces contrées étrangères.
Vertige sur le Pont Luis 1 (Porto juin 2015)
Dès mon retour de Venise, Bruxelles, Florence, Sienne, Pise, Alghero, Lisbonne, Porto, j’oubliais ces rêveries et l’idée même de quitter la France.
Je me dis aujourd’hui que si par malheur la France devenait invivable (nous n’en sommes heureusement pas encore là mais certains voyants sont indéniablement au rouge) un repli au Portugal pourrait être envisageable avec dans un premier temps l’achat d’un petit pied-à-terre à Lisbonne ou à Porto. J’aurais évidemment une légère préférence pour Lisbonne mais la vie à Porto pourrait aussi me convenir.
Cette idée de repli correspond aussi à ma récurrente tendance à la fuite et à l’évitement. Les USA seraient hors de mes moyens financiers mais pas le Portugal. Je suis stupéfait que cette idée vienne seulement m’effleurer tant je suis depuis toujours sédentaire et pourtant... Il m’arrive même de penser que cette initiative pourrait aussi profiter à mes proches en cas de problème grave en France. Jamais je n’aurais cru que je puisse un jour tenir un tel raisonnement.
Métro sur le pont Luis 1 (Porto juin 2015)
Je trouve au Portugal une atmosphère qui correspond à l’idée que je me fais de la vie quotidienne et de la culture occidentales. Il s’agit d’une sensation difficile à définir, d’une impression d’accord tranquille, d’une respiration. Ce pays me semble correspondre à mon tempérament. Je ne l’idéalise pas mais un mystérieux sentiment, à la fois léger et profond, joyeux et mélancolique, s’installe en moi depuis le premier contact et se fait chaque fois plus insistant, y compris lors de ce troisième séjour.
Ce n’est pour l’instant qu’une intuition, un feeling, mais c’est indéniablement présent, comme si je croyais émerger d’un rêve dont je m’apercevrais au réveil qu’il ne s’agit pas d’un rêve — et Dieu sait si j’ai appris depuis longtemps à me méfier de mes rêves même s’il m’arrive encore d’être saisi par leur flot et d’en ressortir essoré.
02:45 Publié dans carnet, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyage, tourisme, promenade, carnet, note, journal, autobiographie, écriture de soi, prairie journal, porto, lisbonne, portugal, europe, blog littéraire de christian cottet-emard, fuite, évitement, christian cottet-emard, rêve, départ, repli, pied-à-terre, refuge, pont luis 1, carnet de porto