10 septembre 2014
Carnet / Du verre à moitié plein ou à moitié vide
Après le deuxième concerto pour piano de Brahms, couché très tard dans la nuit de lundi soir pour profiter du clair de lune exceptionnel.
Lundi soir chez moi sous les frênes qui perdent déjà leurs feuilles
Les murets de pierres sèches et les grands frênes qui entourent la propriété sont visibles comme en plein jour. Les moins robustes de ces arbres qui n’ont bourgeonné que fin mai cette année ont déjà perdu leurs feuilles en cette étrange fin d’un été sans soleil.
Les autres qui portent bien leur nom de frênes élevés s’en délestent en frôlements qui inquiètent la chatte Linette tout étonnée de me voir dehors avec elle dans son royaume de la nuit d’habitude épaisse et noire mais baignée ces temps-ci d’une clarté laiteuse.
Cette opalescence inhabituelle est due aux lambeaux d’un immense nuage d’orage avorté qui s’effiloche dans le ciel tel un tissu élimé. Le rayonnement de la pleine lune rebondit sur le nuage qui s’éclaire alors comme la corolle d’une fleur géante ou comme une lampe de verre englobant tout le paysage en son halo.
Plus haut et plus loin sur le flanc de la montagne dont on distingue chaque épicéa, quelques éclairs suivis de grondements assourdis envoient encore de faibles flashes dans le ciel mouvant. L’air sent la mousse et la pluie, « un régal d’herbes mouillées » dirais-je par emprunt du beau titre d’un recueil de poèmes d’Anna de Sandre (éditions Les Carnets du Dessert de Lune).
En d’autres temps, je ne songeais qu’à savourer ces moments. Maintenant, je ne pense qu’à les écrire.
L’éternelle histoire du verre à moitié plein ou à moitié vide...
02:01 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paysage nocturne, nuit, lune, halo, campagne, frêne, muret, pierre sèche, johannes brahms, concerto piano n°2, daniel barenboim, sir john barbirolli, emi classics, un régal d'herbes mouillées, anna de sandre, les carnets du dessert de lune, blog littéraire de christian cottet-emard, littérature, musique, classique, romantique, romantisme, 19ème siècle, verre à moitié vide, verre à moitié plein, mélancolie, christian cottet-emard, carnet, écriture de soi, journal, note, billet, autobiographie
04 septembre 2014
Carnet / Sous le halo de la lampe bleue
Ce soir, avant de dresser la table du petit déjeuner (je suis dans un tel état le matin au lever que je préfère tout préparer à l’avance) je suis sorti dans le noir derrière la maison et j’ai vu une superbe étoile filante. Exceptionnellement, j’ai fait un vœu très matérialiste, mais dans l’unique but d’avoir encore plus de moyens pour essayer de ne plus l’être du tout.
En début de semaine, j’ai surpris en pleine nuit quatre gros sangliers juste sous mes fenêtres. Leur passage a déclenché les projecteurs automatiques. Ils ont bifurqué du côté de la baie vitrée et ont commencé à fouiller le pré à quelques mètres de la porte d’entrée. Je suis sorti en tapant dans mes mains pour les chasser mais leur réaction m’a étonné. Au lieu de détaler en vitesse, ils ont longé tranquillement la haie. Le plus imposant d’entre eux m’a regardé placidement faire mes moulinets et a entraîné les autres à sa suite en direction de la route. Du coup, je me suis dépêché de refermer la baie coulissante. Au même moment, la chatte Linette, l’air penaud, est rentrée par son passage secret et est allée directement se coucher.
J’ai passé la journée à relire pour la énième fois un manuscrit commencé en 2006. Il est temps que je publie cet ouvrage car avec toutes ces relectures et ces corrections, je commence à le prendre en grippe.
Magie de Facebook : j’ai blagué avec mon ami le peintre Jacki Maréchal qui semble prendre du bon temps dans le Sud. Cela m’a mis de bonne humeur et j’en ai bien besoin depuis l’hiver dernier.
J’avais débuté la soirée en écoutant le cinquième concerto pour piano dit L’Égyptien de Saint-Saëns, certes un curieux mélange de lyrisme échevelé et d’orientalisme de pacotille mais en tous cas une œuvre virtuose dont je ne me lasse pas.
Comme toujours lorsque je suis seul à la maison, j’ai dîné d’un sandwich et d’un verre de rosé. Un gros havane n’étant pas très adapté à ce repas expédié, je me suis contenté de griller quelques Partagas Club en grignotant du chocolat noir. Toujours cette envie de sucre à laquelle je cède sans vergogne, le plus surprenant étant que je n’en reprends pas pour autant les kilos perdus en 2013. Pourvu que ça dure...
Soirée terminée tard sous le halo de ma lampe bleue en rêvant à la prochaine escapade à Lisbonne où je me fournirai en Por Larrañaga introuvables dans ma région. Des petits bonheurs pour adoucir les grandes tristesses, ce n’est déjà pas si mal. On peut rester un bon vivant même affecté de la plus sombre mélancolie. C’est plus courtois et agréable pour l’entourage.
01:27 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : carnet, sanglier, chat, étoile filante, nuit, vœu, cigare, partagas, por larrañaga, lisbonne, portugal, saudade, mélancolie, tristesse, petits plaisirs, consolation, blog littéraire de christian cottet-emard, manuscrit, correction, relecture, peintre, artiste, jacki maréchal, note, journal, écriture de soi, autobiographie, lampe, lampe bleue, pâte de verre, tabac, sucre, chocolat, gourmandise, sandwich, vin rosé, facebook, sud, camille saint-saëns, concerto l'égyptien, cinquième concerto pour piano, poids, balance, alimentation, repas
01 septembre 2014
Carnet / Brouillons
Trivialité
La condition humaine se résume souvent à des problèmes de tuyauterie.
Point de vue
Je suis sur l’autre versant sans être passé par le sommet.
Petite cuisine
En littérature, on n’atteint pas à une forme de vérité par la vraisemblance.
Constat amiable
Cherchez et vous trouverez au fond de vos ténèbres.
Grands mots
Les mots « bonheur » et « liberté » ne peuvent se comprendre qu’au pluriel. Au singulier, ils ne désignent rien de connu.
Vapeur
Je vois s’éloigner des rêves comme des nuages d’été, lourds, massifs, constitués de rien.
Dessine-moi un mouton
Ça m'énerve à un point, Le Petit Prince...
12:57 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : carnets, brouillons, notes, blog littéraire de christian cottet-emard, le petit prince, antoine de saint exupéry