16 avril 2015
Carnet / Du pied gauche
Mardi j’ai profité du radieux soleil matinal pour photographier le réveil du grand orne juste derrière la maison. Ses bourgeons d’un vert tendre contrastent avec les sombres fleurs de frêne. Les deux arbres sont de la même famille, m’indique mon guide Delachaux et Niestlé (orne : fraxinus ornus, et frêne élevé : fraxinus excelsior).
Puisque j’avais rendez-vous au salon de Thérèse à Oyonnax pour me faire couper les cheveux, je ne suis pas remonté tout de suite dans ma campagne. Avant midi, ayant la flemme de me faire à manger, j’ai voulu commander un sandwich au poisson pané au McDrive. «Nous n’en avons pas, désolé Monsieur » m’a répondu une petite voix dans la borne qui enregistre les commandes. Du coup, j’en ai même oublié de prendre au moins quelques frites et je me suis retrouvé chez moi à me confectionner un sandwich avec quelque chose d’encore pire qu’une tranche de poisson pané.
Assez somnolent car levé du pied gauche, je me suis dopé aux capsules Nespresso et j’ai grillé quelques cigares secs en relisant des poèmes de Une heure de jour en moins de Jim Harrison (Flammarion). Lors de ma première lecture de ce recueil, j’avais souligné : « La rivière est pour moi l’extrême inverse du monde des chiffres » .
J’écrivais récemment que ma maison était un peu à l’écart de la pollution lumineuse et je ne croyais pas si bien dire, notamment depuis lundi soir lorsque j’ai cru à une panne de l’éclairage public en constatant que la campagne et tout le village étaient plongés dans l’obscurité. En plus, j’étais en train de regarder L’Éclipse, le film de Michelangelo Antonioni, sur Arte !
C’est la chatte Linette qui m’a alerté. Au moindre événement inhabituel, elle vient s’assurer que chacun vaque normalement à ses occupations. Lorsque j’ai vu qu’elle commençait à venir rôder près de moi en me jetant des regards insistants, comme si elle testait mon attitude, je me suis levé de mon canapé et j’ai regardé par la fenêtre : le noir total dehors. Une rapide lecture des comptes rendus du conseil municipal en ligne sur le site internet de la commune m’a appris que l’éclairage public était désormais coupé dès 23h. Ce serait presque charmant en ces belles nuits étoilées mais je ne suis pas certain d’apprécier au long cours.
J’ignore qui a eu cette idée lumineuse. Il ne manque plus qu’une meute de loups vienne s’installer sur les hauteurs et le tableau sera complet. Petites consolations, un borgnaton encore allumé près de l’église et les lumières de la Suisse qui font un léger halo dans le ciel, au-dessus de la montagne...
Bon, comme on dit, demain il fera jour...
Et ce week-end, c'est deux jours de musique avec le Festival Chromatica, samedi et dimanche.
02:49 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : note, carnet, journal, écriture de soi, autobiographie, prairie journal, arbre, orne, frêne, campagne, fraxinus ornus, fraxinus excelsior, éditions delachaux et niestlé, guide des arbres et arbustes d'europe, archibald quartier, pierrette bauer-bovet, blog littéraire de christian cottet-emard, nespresso, mcdrive, jim harrison, flammarion, une heure de jour en moins, poèmes, sandwich, l'éclipse, michelangelo antonioni, cinéma, arte, télévision, chat, éclairage public, nuit, jour, christian cottet-emard, suisse, montagne, musique, concert, festival chromatica 2015, atelier jacki maréchal, oyonnax, ain, rhône-alpes, france, affiche bernard grasset, sergio laguado, guitare, olivier leguay, clavecin
27 octobre 2014
Carnet / Week-end en vrac
Samedi, j’ai goûté pour la première fois de la viande de bison (en pierrade) à l’auberge de la Combe aux bisons au-dessus de La Pesse dans le Haut-Jura.
La Combe aux bisons près de La Pesse (Haut-Jura)
Accueil charmant, jolie salle, cuisine simple et bien préparée. Pour les non carnivores, de savoureuses fondues aux fromages au menu. Après le repas, j’ai allumé un Partagas Corona Senior (eh oui, senior...) sur la grande et agréable terrasse en caillebotis donnant sur la lisière de la forêt d’épicéa. À ne pas manquer pour qui passe dans le coin (belles promenades aux alentours).
Pendant que j’attendais sur un parking au volant de l’auto, vitres ouvertes, le vent a déposé une petite feuille d’érable plane sur mes genoux.
Je l’ai gardée et collée sur la première page de mon nouveau carnet, comme cela, sans raison particulière. C’est ce que je fais sans raisons particulières qui me fait le plus plaisir. Le reste, l’utilitaire, c’est de l’épicerie.
Pour tenter de comprendre un problème, on peut essayer de le mettre en relation avec quelque chose qui n’a apparemment rien à voir avec lui. Il peut ainsi arriver qu’on tire un fil et que le nœud se dénoue.
Cette année 2014, la nature à laquelle je suis habituellement sensible ne m’a pas parlé. Elle m’est restée muette. Il en va parfois de même pour la poésie.
Week-end fini en écoutant cette nuit la troisième symphonie en ut majeur opus 32 de Nikolaï Andreïevitch Rimski-Korsakov, compositeur qui m’a toujours accompagné depuis mon plus jeune âge. Et puis j’ai une passion pour la musique russe.
Le même soir, un autre Partagas Corona Senior et un alcool sec qui contient peut-être de la prune (et sans doute d’autres choses) Mieux qu’un somnifère en tous cas !
18:44 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : carnet, note, journal, écriture de soi, autobiographie, prairie journal, combe aux bisons, la pesse, jura, haut jura, campagne, montagne, pierrade de bison, fondue au fromage, cigare, partagas coronas senior, havane, cuba, tabac de cuba, rimski-korsakov, blog littéraire de christian cottet-emard, prune, eau de vie, alcool, digestif, week-end, feuille d'automne, feuille d'érable, érable plane, arbre
17 avril 2014
Carnet / En attendant « l’eléctrico »
Ces derniers jours j’entends le coucou derrière chez moi. Chaque année son appel provient du même secteur de la forêt mais bien malin qui saurait le débusquer dans l’immensité parme et vert tendre des sanguins et des jeunes pousses.
La brève vague de ces pastels printaniers sur les prairies et les bois charrie les mêmes sentiments de renouveau et de mélancolie.
Le printemps montagnard ne connaît pas l’insouciance du printemps maritime, il est comme quelqu’un de pressé qui ne veut pas qu’on l’aime trop longtemps ou comme quelqu’un qui aime tout le monde mais personne en particulier, il signale une fête quelque part sans forcément vous y convier. On entend souvent l’écho assourdi de cette fête lointaine et inaccessible dans la musique de Mahler et dans les poèmes de Rückert et d’Eichendorff. Ce n’est pas du tout la bonne période pour moi de lire cette poésie et d’écouter cette musique qui correspondent pourtant bien au style un peu romantique allemand de la nature où est plantée ma maison.
Mélancolie pour mélancolie, je préfère encore la saudade, moins oppressante, avec laquelle mon caractère est beaucoup plus en accord. Je suis à l’arrêt, lesté de la vieille valise de l'enfance, j’attends d’enjamber mes montagnes trop sévères pour monter dans l’inusable et lent eléctrico des collines de Lisbonne où, là-bas, les beaux jours prennent leur temps.
Photo : dans l'eléctrico à Lisbonne (photo © Ch. Cottet-Emard)
22:57 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : eléctrico, lisbonne, portugal, tramway, attente, espoir, mélancolie, saudade, jura, montagne, bois, forêt, campagne, printemps, colline, coucou, oiseau, voyage, poésie, littérature, rückert, eichendorff, romantisme allemand, romantisme, musique, mahler