30 août 2014
Fournitures de rentrée littéraire (ou l'overdose Carrère)
À part une nouvelle, une petite chose gluante qui se voulait érotique inexplicablement publiée par le quotidien Le Monde il y a longtemps et qui eut pour effet de semer un bazar noir dans la vie sentimentale de l’auteur, je n’ai lu aucun livre d’Emmanuel Carrère.
J’en ai aujourd’hui d’autant moins l’intention qu’il est impossible d’échapper à sa figure étalée sur toutes les couvertures de la presse industrielle, le Monde emportant la surenchère en nous placardant son sourire mou à deux reprises dans la même édition, en première page et en Une du supplément que nous continuerons par commodité, ces temps-ci, de qualifier de littéraire.
Je n’affirmerai pas que les livres d’Emmanuel Carrère sont bons ou mauvais, intéressants ou non, puisque je ne les connais pas. Je me demande juste si un aussi grotesque matraquage médiatique rend vraiment service à un auteur. Moi, lecteur, cela me fait fuir, et je ne pense pas être tout seul dans cette indisposition.
Il faut dire que quelques jours avant Carrère nombril du Monde, il y eut Carrère en look fripé-moite du dernier chic Télérama. Pour échapper à cette couverture glauque, j’ai pris soin de stocker à l’envers ce qui n’est tout de même qu’un programme télé dont j’ai trouvé tout aussi déprimante la fausse lycéenne en jupette assise sur un lave-linge Whirlpool de la pub Darty où il était aussi question de fournitures de rentrée en quatrième de couv.
D’un côté le kitsch des petits mocassins et du chemisier tout propre et repassé du mannequin, de l’autre la guenille auréolée et les nu-pieds pathétiques de l’homme qui, paraît-il, « domine la rentrée littéraire » (le Monde) et « nous livre les clés du “Royaume” » (Télérama).
Décidément, la rentrée, il est temps d’en sortir !
02:00 Publié dans Et à part ça ? | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : emmanuel carrère, le monde, télérama, presse, matraquage, média, livre, rentrée littéraire, quotidien, hebdomadaire, overdose, blog littéraire de christian cottet-emard, et à part ça, humeur, billet, chronique, mauvaise humeur, mauvaise foi, fournitures de rentrée
14 juillet 2014
« La collusion entre le stade et le défilé militaire ne conduit qu’à la guerre » - Solko -
Lire la suite (Vacuité du 14 juillet) sur le blog de Solko.
11:18 Publié dans NOUVELLES DU FRONT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fête nationale, défilé, stade, guerre, sport, blog littéraire de christian cottet-emard, politique, humeur, polémique, solko, esprit critique
23 juin 2014
Carnet / Comment j’ai vibré à la fête de la musique
Vous savez, ce célèbre animateur de télévision qui a toujours l’air de sortir d’une boîte de nuit provinciale des années 70 et qui glougloute comme un gros dindon chaque fois qu’il prononce le mot « fête » , eh bien si je vous lisais cette chronique à haute voix, je pourrais vous l’imiter. « Samedi c’était LA FÊTE ! »
Contraint de descendre à Oyonnax pour des raisons familiales et n’ayant pas assez de temps, entre deux rendez-vous, pour remonter tout de suite dans ma campagne, me voilà traînant sous les ombrages du parc Nicod en pleine fête de la musique.
Ça sent le tilleul et la frite, ce qui n’est pas pour me déplaire car j’aime autant l’un que l’autre et le parc Nicod est un très bel endroit. Je sais pourtant pertinemment que si mes yeux et mon nez sont agréablement sollicités, il n’en ira pas de même pour mes oreilles.
Depuis que Jack Lang a inventé la fête de la musique, on n’a pas mis longtemps à comprendre qu’elle était devenue — comment dire... ? Autre chose. Entre parenthèses, cela partait d’une bonne intention cette fête. Pourquoi faut-il que la gauche se fasse toujours une spécialité des utopies qui se transforment en cauchemars ?
La rapide dégénérescence de l’idée de départ de la fête de la musique, à savoir partager la musique, ce qui sous-entend partager l’espace public sonore, est liée depuis longtemps à la détérioration du lien social, du « vivre ensemble » pour parler comme ceux qui sont fiers de ne pas savoir parler.
Parler, se parler, voilà ce qui devient de plus en plus difficile lors de la fête de la musique en particulier et dans la société en général.
Ce 21 juin au parc Nicod, à quelques mètres de distance, pas moins de trois emplacements diffusaient chacun leur propre son, souvent en même temps, produisaient décibels et cacophonie à volonté et obligeaient quiconque souhaitant échanger un brin de causette de le faire brièvement et en poussant la voix au risque de s’en trouver dépourvu le lendemain.
Quant au groupe vedette de la soirée, si pathétique dans le style rock garage que c'en était hilarant, il a fonctionné d’un point de vue musical tel le bouquet final d’un feu d’artifice, à la différence près que ce n’étaient pas des bombes multicolores qui sautaient mais un type avec une guitare trop grande pour lui sautillant sur place comme un cabri excité d'avoir tondu un champ entier de plantes médicinales.
M’étant renseigné sur ces festifs électriciens (je sais, je suis ignare, que voulez-vous, je n’écoute que de la musique) j’ai appris que cette phalange avait eu son petit moment de gloire dans les années 80 du siècle précédent, la décennie de mes vingt ans. N’en avais-je pas ouï dire ? Peut-être m’avaient-ils momentanément grillé les tympans à l’époque... Ou bien il y avait grève (pardon prise d’otages, c’est comme ça qu’on dit maintenant) à l’EDF... Je ne pouvais pas avoir de boules Quies, ils n’en fournissaient pas encore à l’entrée des « concerts » en ces temps lointains, contrairement à aujourd’hui.
Dans ma grande naïveté, je croyais qu’il s'agissait d’une blague cette histoire de boules Quies. Pas du tout. « Chérie, passe-moi les boules Quies, je vais au concert.» Version arts plastiques : « Chérie, où sont mes lunettes noires ? Je vais à l’expo Soulages. » Ce monde est fou : « Chérie, je sors. Tu n’as pas vu mon entonnoir ? »
Suis-je bête, elle ne peut pas m’entendre et encore moins me répondre ! Elle était avec moi à la fête de la musique et aujourd’hui, nous sommes tous les deux sourds et aphones. En tous cas, on ne pourra pas dire qu’on n’aura pas vibré, comme les vitres des riverains !
17:48 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : carnet, note, journal, prairie journal, fête de la musique, oyonnax, ain, rhône-alpes, france, parc nicod, jack lang, gauche, utopie, cauchemar, rock, rock garage, bruit, décibel, vitre, sourd, aphone, communication, frite, tilleul, merguez, saucisse, entonnoir, lunettes noires, boules quies, blog littéraire de christian cottet-emard, humeur, humour, grève, edf, électricien, animateur, télévision, boîte de nuit, dindon, oreille, nez, phalange, riverain, vibration, 21 juin, animation, populisme, démagogie, nivellement par le bas, naufrage de la culture