25 octobre 2011
Les ennemis du poète
La plupart des ennemis du poète sont de passage
Ils font carrière et sont contraints de subsister un certain temps dans cette petite ville qu’ils veulent faire changer comme ils veulent te faire changer toi aussi
Naturellement ils se cassent vite les dents à cette tâche et repartent un beau jour un très beau jour lassés et furieux non sans avoir cependant provoqué quelques dégâts ce qui est la définition même de l’ennemi
De leur défaite et des dégâts qu’ils ont causés ils conçoivent une nostalgie et les voici sans cesse revenant dans cette ville qu’ils ont voulu changer mais qui les a changés
Et toi toujours pareil à toi-même comme cette ville est toujours pareille à elle-même il t’arrive parfois de les apercevoir au détour d’une rue ombreuse et déserte du dimanche soir
Et tu t’arrêtes un instant pour les voir passer comme on s’assoit au bord du fleuve à regarder glisser bercés par l’onde les corps des ennemis du poète
© Éditions Orage-Lagune-Express 2011. Droits réservés.
Image : Jacki Maréchal
00:02 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : poète, ennemi, corps, ville, récit
24 mars 2008
Jacques Ancet à Ambérieu (Ain)
Communiqué de Martin Laquet :
Poésie vive
« dans la beauté de l'éphémère »
Lecture-rencontre avec Jacques Ancet le 28 mars à 19h30 à la Médiathèque La Grenette d’Ambérieu (Ain).
Entrée libre.
on touche on cherche y a-t-il jamais
eu autre chose en suspens
comme entre deux et quatre la rue
l'été c'était l'enfance le jaune
de la maison d'en face on répète
les mêmes mots les mêmes images
comme s'ils gardaient ce peu de corps
et qu'on était resté là toujours
le front contre le froid de la vitre
16:34 Publié dans Et à part ça ? | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poésie, poète, lecture, poème, ambérieu, jacques ancet, poésie vive
21 novembre 2006
Le poète joue au loto
Poète tu joues au loto
Tu sais que rien n’est plus lamentable pour un poète que de faire valider son bulletin au tabac que tu peux avoir l’air d’un poète avec un mégot au coin des lèvres ou un cigare entre les dents mais pas en récupérant ton reçu qui n’est pas précieux mais qui a une chance sur plusieurs millions de le devenir
À part toi personne ne trouve à redire que tu joues au loto car personne ne sait que tu es poète
Ce que les gens trouvent lamentable ce n’est pas de jouer au loto mais d’écrire des poèmes
Tu racontes au voisin que tu vas skier dans les Dolomites
Tu ne skies jamais cela ne te viendrait pas à l’idée de risquer de te faire mal
Ce n’est pas que tu cherches à épater le voisin car tu ne l’admires pas mais tu vois qu’il a peur de ce silence que tu portes comme un beau manteau d’hiver un peu démodé
Tu sens que le voisin attend un minimum de conversation cela se fait
Tu ne sais plus faire tu as épuisé tous les sujets tu ne veux pas l’inquiéter trop longtemps avec ton silence
Tu pourrais lui parler de livres de poèmes mais tu choisis le ski à Cortina d’Ampezzo pour éviter de l’inquiéter avec la poésie
À quoi ça servirait ô poète joue au loto
(Le poète mène une vie quotidienne, extrait. © Orage-Lagune-Express, 2006)
15:36 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : poésie, poète, loto, dolomites, cortina d'ampezzo