14 mars 2018
Quinzième poème du bois de chauffage
01:11 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hiver, insomnie, poèmes du bois de chauffage, éditions orage-lagune-express, blog littéraire de christian cottet-emard, oiseaux, nuit, arbre, bois, lune, forêt, rêve
29 novembre 2016
Carnet / Lumières et lumignons
Le paysage n’est qu’un prétexte si j’ose dire. C’est la lumière que je traque avec mon appareil photo d’amateur.
Ce soir je retourne en rêve éveillé dans ma récente balade, juste derrière chez moi.
Dernier cigare de la journée sous les étoiles. L’éclairage public s’est éteint à onze heures comme d’habitude et les seules nuées qui se dispersent en deux secondes dans l’espace glacial de la nuit sans lune sont les volutes de mon tabac cubain.
Je fume le nez en l’air, engoncé dans ma polaire et mon vieux blouson d’hiver superposés et remontés jusqu’au menton mais c’est de voir rougeoyer le foyer du havane qui me réchauffe.
Une pensée pour la petite anémone pulsatille qui s’est trompée de saison sur le flanc de la colline en raison de la douceur des derniers jours. Je l’ai photographiée dimanche en redescendant du crêt au-dessus de chez moi. Chaque année, il y en a toujours une ou deux qui se laissent berner ainsi. Elles ont quand même leur jour triomphal...
À la fin de cette brève promenade dans ce faux printemps, quelques photos de la lumière dont j’ai tant besoin et qui se perd déjà dans les aiguilles des pins sylvestres.
Un frêle bouleau s’illumine devant la sombre troupe d’épicéas et de hêtres au garde-à-vous sur la montagne d’en face.
Sur la route qui mène à la maison, la silhouette de l’église navigue dans le couchant.
Après onze heures, l'église est la seule bâtisse à envoyer le faisceau d’un lampadaire, comme une veilleuse dans la nuit d’un gamin qui n’a pas envie de s’endormir.
Photos : paysages de chez moi (Photos Christian Cottet-Emard)
02:06 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : carnet, note, journal, autobiographie, prairie journal, écriture de soi, blog littéraire de christian cottet-emard, gammes, christian cottet-emard, littérature autobiographique, instants, photo, campagne, bouleau, arbre, épicéa, pin sylvestre, étoile, anémone pulsatille, fleur, jura, montagne, crêt, crédulon, église, soleil couchant, forêt, ombre, lumière, lumignon, paysage, tabac, cigare, havane, cigare cubain, nuit, jour, lune, rêverie, insomnie, nuit d'automne, veilleuse
23 janvier 2016
Carnet / Des notes en désordre et d’un tueur lent
Lueurs incertaines des jours et des nuits. Les samares, fruits secs des frênes avec une seule aile dont les amas bruns évoquent des trousseaux de clefs, continuent de pendre aux branches en hiver. Par temps de givre, ils grésillent au moindre souffle d’air. Au redoux, le vent les agite et les frênes ont l’air de chuchoter entre eux mais je suis arrivé à un âge où je sais désormais que, comme les humains, ils n’ont pas grand-chose à se dire.
Difficultés avec la technique, l’habileté manuelle, les calculs élémentaires, l’esprit pratique. Ce sont ces manques qui m’ont poussé à choisir l’écriture au lieu de la musique ou de la peinture. Mais je travaille tous les jours à accepter cette incapacité, cette limite, et même à aimer cette incompétence puisqu’elle est malgré tout ma vie. Je connais d’ailleurs tant d’individus doués de talents variés et multiples qui ont une existence mille fois moins douillette et facile que la mienne.
Tous ces gens qui aiment souffrir au nom de grands principes et de belles idées, ils me fatiguent. Je suis las d’assister au cortège de leurs mortifications, à l’accélération de leur course au néant.
Mon destin ne consiste peut-être en rien d’autre qu’à vivre dans cette maison au milieu de la campagne et à ne pas participer, même au plus humble niveau, à ce à quoi participent les gens dits normaux. « Certains plantent, d’autres récoltent » ai-je souvent entendu dire quand j’étais enfant. Alors sans doute mon destin est-il d’habiter cette maison, cette campagne, ce lieu tant désiré et si difficilement obtenu par mon défunt père, et de me contenter d’y vivre facilement, à ma mesure, oublié de celles et ceux qui ont tenté de me comprendre sans y parvenir puis qui se sont éloignés faute de mieux parce qu’aucun autre choix n’était possible, ni pour eux ni pour moi.
Parfois dans la rue, des visages d’anges et, derrière, des paquets de névroses, une batterie de vieilles gamelles psychologiques qui s’entrechoquent dans le chaos.
Un jour, je vais finir par devenir le personnage secondaire d’une fiction impubliable.
Ce qu’on nomme aujourd’hui « musique » et « poésie » , si c’était autre chose ?
La plupart du temps, nous ne nous apercevons pas que nous vivons un moment fort de notre existence. Quand nous en prenons conscience, il est déjà trop tard pour le vivre encore mieux. Ce n’est déjà plus qu’un souvenir, un fantôme hyperactif qui ne nous laissera plus de répit.
Le chagrin est un tueur lent.
Photo CC-E
02:39 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : carnet, note, journal, autobiographie, écriture de soi, prairie journal, blog littéraire de christian cottet-emard, littérature, états d'âme, sentiments, christian cottet-emard, destin, campagne, maison, frêne, samare, fruit, hiver, givre, redoux, arbre, nature, contemplation, retrait, vie intérieure, saudade, lisbonne