11 juillet 2020
Un article de Dominique Stoenesco sur le numéro Pessoa de la revue Instinct nomade
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26 juin 2020
La grande traversée
Les poèmes sont des bateaux en papier
Des enfants mais aussi des adultes sérieux les envoient naviguer dans les bassins des parcs municipaux
Comme les caravelles ils connaissent la vaste aventure de toute traversée
L’employé qui nettoie les bassins est mécontent de cette habitude salissante
mais il accroche de sa perche bien d’autres débris que ces éphémères papiers pliés
et cette idée que des adultes sérieux puissent armer ces frêles esquifs finit par lui sourire
sans qu’il prenne le temps de s’expliquer pourquoi
Extrait de mon recueil Estime-toi heureux © éditions Orage-Lagune-Express 2020. Photo Christian Cottet-Emard.
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19 juin 2020
Carnet / Double ville
Photo CC-E
Je relis Requiem d’Antonio Tabucchi, lu pour la première fois en 2000. À cette époque, je ne connaissais pas Lisbonne. J’ai décidé de m’y rendre en octobre 2013 pour m’y promener dans les pas de Fernando Pessoa. C’est après tout une façon comme une autre de découvrir une ville. J’y suis retourné en septembre 2014 ainsi qu’en juillet et décembre 2016. J’espère y séjourner encore dès que possible.
Dans Requiem de Tabucchi, le narrateur s’endort sous un mûrier en lisant le Livre de l’intranquillité de l’hétéronyme Bernardo Soares avant de se perdre en rêve dans une Lisbonne caniculaire et déserte, propice aux rencontres avec des vivants parfois fantomatiques et des morts qui semblent avoir encore un pied dans la vie. Les rues, les quartiers et les squares sont nommés avec précision, ce qui n’évoquerait rien au lecteur n’ayant jamais visité la ville s’il n’y avait bien sûr la puissance de suggestion de Tabucchi.
C’est ainsi qu’à la lecture de Requiem s’est formée dans mon esprit une Lisbonne imaginaire à laquelle s’est ajoutée la Lisbonne réelle de mes séjours au cours desquels j’ai marché des journées entières et tard dans la nuit. Les deux visions se sont alors emboîtées pour n’en faire qu’une, ce qui constitue pour moi l’unique et merveilleuse expérience de la ville véritablement vécue comme lieu dit et lieu d’être.
Photo CC-E
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