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28 décembre 2018

Carnet / Le toucan du tonton Louis

 

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J’étais seul avec ma mère lorsqu’une voix inconnue m’interrompit dans mes coloriages et dans l’écoute d’un de mes disques préférés, Casse-noisette de Tchaïkovski. Je levai les yeux sur un vieux monsieur vêtu de noir qui me parut très grand, chenu, plutôt réservé. Il me tendit un large et lourd rectangle emballé d’un papier cadeau et dit à ma mère sans s’adresser directement à moi « voilà pour le jeune homme » . J’étais flatté qu’un vieux monsieur m’appelle jeune homme. Le papier cadeau libéra la couverture d’un beau livre intitulé Les Animaux de la jungle. Ce devait être le lendemain de l’Épiphanie car j’avais eu un restant de brioche pour mon goûter.

Ma mère m’invita à dire merci et au revoir au tonton Louis. J’avais déjà entendu parler de lui dans les repas de famille mais encore aujourd’hui, le lien de parenté avec cet homme âgé est resté pour moi très flou. Je ne l’ai d’ailleurs jamais revu après cette visite qui est pourtant gravée dans ma mémoire à cause du livre Les animaux de la jungle, notamment après avoir découvert qu’il existait dans le monde un oiseau appelé le toucan, un oiseau flamboyant au bec orange vif et aux yeux goguenards. 

Ce livre aux illustrations somptueuses et aux textes imprimés en gros caractères m’apprit aussi qu’il existait une créature nommée iguane et que les indiens de la jungle surnommaient ce lézard poulet des forêts, ce qui, en dehors du fait que ma mère m'appelait parfois poulet, modifia mon regard non seulement sur le poulet rôti dominical mais encore sur ce monde étrange dans lequel je débutais au son de la Danse de la fée-dragée.

Illustration toucan prise ici

 

16 novembre 2018

La postface de mon recueil Poèmes du bois de chauffage

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Les titres de ces quatre suites et de ce grand poème étrangement réunis en un volume témoignent d’une faible confiance en la poésie et, d’ailleurs, en quoi que ce soit. J’en veux pour preuve la notule dans laquelle il prend le contrepied d’André Breton, un poète qu’il admire mais qu’il n’aurait pas forcément aimé rencontrer : Il y a un message au lieu d’un lézard sous chaque pierre (extrait d’Épervier incassable dans Clair de terre). On trouvera donc plus le lézard que le message sous les pierres dans cette poésie qui n’en est pas vraiment une si l’on en croit l’homme décalé, ni campagnard ni citadin, certes disponible aux signes du monde parfois lisibles dans les lignes du bois mais distant vis-à-vis de toute idéalisation de la nature. Ainsi, le narrateur des Poèmes du bois de chauffage n’est-il pas en quête d’une expérience spirituelle de la nature qui constitue pourtant le cadre intime de sa vie quotidienne.
 
Il en va de même dans l’environnement souvent moins rustique et plus urbain de La vie au bord, un ensemble qui devait à l’origine s’intituler Flash code, titre auquel l’auteur a renoncé pour le réserver à une autre série en voie de publication. La ligne narrative de La vie au bord diffère peu de celle des Poèmes du bois de chauffage. Thématique restreinte, expression volontairement relâchée voire revendication d’une certaine trivialité mais nul excès de noirceur dans ces paysages à peine ébauchés tels des croquis dans un carnet virtuel où glissent parfois des silhouettes furtives et silencieuses. Bien qu’en marge de tout groupement et de toute chapelle, C C-E se reconnaît tout de même en matière d’écriture apparentée à la poésie dans la tendance au retour à la narration en ce début du 21ème siècle. Il est donc logique de trouver des personnages dans ses poèmes.
 
Paysage / Évasion se veut autant narratif que les deux ensembles précédents mais s’en éloigne par son ton plus grave et son rythme plus ample accordé à celui de la marche du narrateur. L’emploi de la deuxième personne du singulier n’est pas une figure de style mais plutôt une allusion ironique à l’habitude de parler tout seul lorsqu’on est isolé et mélancolique.
 
On retrouve ce mode de narration à la deuxième personne dans La lune du matin. Le sous-titre et autres récits de l'homme invisible exprime le paradoxe de l'individu occidental tiraillé entre le désir de reconnaissance et l'aspiration à l'anonymat.
 
Au moment de conclure, je m’aperçois que j’ai adopté un ton un peu trop sérieux pour évoquer ces quatre ouvrages alors que leur auteur est le premier à les considérer comme des fantaisies mineures en raison, de son propre aveu, de leur composition aléatoire et paresseuse.
 
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Preben Mhorn
 
 
 
 

16 juillet 2018

Antidote

Dans le secret des campagnes encore à peu près préservées de la laideur et de l'effroi, une bouffée d'air frais :

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Tilleul (photo Christian Cottet-Emard)