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15 octobre 2012

Hep jeune homme !

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La vie n’est que dans ce soleil et dans ce vent qui emporte cette voix

Hep jeune homme dit cette voix tu ne m’entends pas et s’il pouvait l’entendre cette voix dirait pourquoi es-tu venu sur Terre jeune homme

Si c’était son bon plaisir il répondrait je ne suis là que pour cet instant venu au nez et à la barbe de la solennelle éternité

J’avais rendez-vous avec ces dix heures blondes du matin d’octobre et je ne suis là que pour ces chants et danses de feuilles d’automne

Et la voix se le tiendrait pour dit

© Éditions Orage-Lagune-Express 2011. Droits réservés. Image : « Il y a toujours assez de sens » de Jacki Maréchal

31 janvier 2012

Estime-toi heureux

Estime-toi heureux

De ne pas manger des limaces et des insectes

D’être

D’être ailleurs

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De n’être pas idiot

De n’être pas génial

D’avoir

D’avoir eu

D’avoir été

De ne pas avoir la chair de poule

De ne pas avoir l’air d’avoir l’air

De vivre

De ne pas vivre trois jours

De ne pas vivre trois millions d’années

De voir

De voir ton ombre

De n’être pas vu par ton ombre

D’aimer

D’aimer les crocus

De ne pas aimer tout aimer

De t’estimer

De ne pas t’estimer à combien

De ne pas en être arrivé là

D’en être arrivé là

De pouvoir

De pouvoir t’estimer

De t’estimer pouvoir

De pouvoir t’estimer heureux

 

© Éditions Orage-Lagune-Express 2011. Droits réservés.

20 mai 2011

Carnet des pivoines

Ces nuits, un vent doux fait onduler les frênes et encourage les pivoines à s’ouvrir.

Toujours du suspens avec les pivoines. Elles se méfient de la lune rousse, des Saints de glace et des ruses du vieil hiver épuisé en gardant leurs boutons hermétiquement clos jusqu’à la véritable installation des beaux jours. Elles risquent alors un pétale, pas un de plus, qui va rester ainsi déplié tout seul en éclaireur, parfois pendant plusieurs jours, puis se décident à s’épanouir, je dirais plutôt à se défroisser, lorsque le second printemps prend des airs d’été.pivoine,fleur,jardin,mai,printemps,été,campagne,nature,frêne,arbre,nuit,orage,brise,christian cottet-emard,blog littéraire,carnet,journal,note

Le vent tiède de ces nuits de mai a convaincu les pivoines de se lancer dans l’aventure. Le pétale éclaireur se confond  avec les autres et l’ensemble se déploie très vite comme une boule de papier crépon.

Les pivoines dont je parle sont celles qui m’ont accompagné pendant mon enfance. Une variété ancienne. Larges, blanches avec un liséré rouge en leur cœur au parfum sans pareil, elles sont toutes issues du même plan qui a prospéré au moins depuis les années 1950 dans le jardin de la maison construite par mon aïeul au début du vingtième siècle. La vente de cette propriété a été un tel crève-cœur pour moi que j’ai emporté des rhizomes du grand massif dans ma propre maison, achetée en 1992,  où les pivoines se sont parfaitement acclimatées. J’ai renouvelé l’opération lorsque j’ai vendu ma maison de ville pour acquérir, à la campagne, la propriété de famille où je vis désormais depuis plus de deux ans, le temps qu’il a fallu cette fois aux pivoines pour reformer un début de massif à une altitude supérieure et sous un climat plus rude.

Mes belles parfumées en sont à leur troisième déménagement. Je les contemple longuement car une fois fleuries, leur vie est courte. Les fleurs sont en effet si lourdes qu’elles fragilisent les tiges. Un coup de vent impétueux, un pluie trop lourde, un orage, et voilà les pivoines en déroute. Pour l’instant, la météo leur est favorable et je vais pouvoir entendre auprès d’elles les vieilles histoires qu’elles me racontaient déjà dans le jardin lorsque j’étais en culottes courtes. Elles vont aussi me parler de mes chers défunts comme elles seules peuvent le faire.

J’aime les pivoines pour leurs paradoxes. Vivaces et fragiles, rustiques et sophistiquées, résistantes et inadaptées, capricieuses et vaillantes. Finalement, j’ai toujours vécu avec elles malgré mes déménagements Dieu merci peu nombreux et peu lointains. Je mesure en ces nuits de douce brise ma chance de pouvoir vivre encore auprès d’elles, sous les grands frênes, dans un vaste espace de verdure et dans des heures lentes, le seul luxe qui compte pour moi.