09 octobre 2015
Carnet / Pourquoi j’ai testé la publication sur Amazon
Celles et ceux qui me font l’amitié de me lire s’étonnent de me voir publier en livre numérique chez Amazon un ouvrage initialement programmé en édition papier. Il s’agit de mon recueil de nouvelles Mariage d’automne qui sortira comme prévu en édition papier mais dont le thème m’a semblé idéal pour tester cette forme de publication proposée par Amazon et quelques autres.
À NE PAS CONFONDRE AVEC L’AUTOÉDITION
Ce choix déroute deux types de lecteurs, ceux qui se montrent allergiques à la lecture sur support numérique pour des raisons techniques et ceux qui en ont contre la politique commerciale aggressive d’Amazon. On peut éventuellement ajouter la catégorie des gens persuadés que la publication sur Amazon est une autoédition, ce qui est faux puisque pour un auteur, l’autoédition se caractérise par la maîtrise et la prise en charge totale du processus d’édition, de diffusion et de distribution, de ses coûts comme de ses profits. Il n’en est rien chez Amazon où l’on signe un contrat et où l’on touche un pourcentage sur les ventes et les pages lues.
LES CONTRAINTES RELATIONNELLES EN MOINS
Bien avant l’offre Amazon, j’éprouvais déjà le besoin de tester la publication numérique, non pas par opposition à l’édition classique mais pour tenter d’adapter mon activité d’auteur à mon mode de vie. Je n’ai jamais été un homme de réseau et je suis incapable de travailler en équipe, or ces conditions sont de nos jours particulièrement recommandées pour vivre sa vie d’auteur dans le monde de l’édition, la grande comme la petite.
J’ai aussi la faiblesse de vivre à la campagne, d’être rétif aux résidences d’auteur, de refuser de participer à des lectures publiques en prison ou dans des pays dangereux et de n’avoir aucun goût pour animer des ateliers d’écriture. Je comprends que de telles réserves puissent paraître rédhibitoires à des éditeurs, petits ou grands, rêvant parfois de voir leurs auteurs cumuler les compétences de représentant auprès des libraires, d’attaché de presse et d’animateur social. J’aggrave personnellement mon cas avec une faible capacité à refaire le monde au bistrot, à renouer avec la dimension orale de la poésie au moyen du slam et à changer ma coupe de cheveux.
C’est au stade de cet accablant constat qu’intervient favorablement pour moi Amazon dont les robots, algorithmes, super calculateurs et autres incompréhensibles, merveilleux et monstrueux dispositifs se fichent pas mal de mes cheveux trop courts, de mon apparente froideur, de mon charisme de moule d’eau douce et du fait que je sois meilleur à l’écrit qu’à l’oral. Avec des éditeurs en chair et en os, l’écrit, désormais, ne suffit plus. On subit des rites de passage comme pour rejoindre une tribu, aussi bien dans les grandes maisons que dans les petites, surtout dans les petites. Il faut montrer patte blanche, se faire accepter par les autres membres de la meute, avoir la tête de l’emploi, s’intégrer, faire allégeance, et il suffit de peu de chose, une idée, une opinion non conforme ou un mot de travers lâchés sur un blog ou un réseau social, pour faire avorter un projet.
Rien de tout cela chez Amazon. Une fois le texte en ligne et l’œuvre au catalogue, pas besoin d’attendre d’hypothétiques relevés de vente, on suit tout au jour le jour sur des graphiques et on sait même quand quelqu’un a lu ou commandé. Après, on reçoit un virement. La seule faiblesse du système est la nécessité de concevoir soi-même l’exemplaire numérique, ce qui n’est pas du gâteau. Mieux vaut connaître quelqu’un rompu à cette technique.
LIBERTÉ ET SÉCURITÉ DE L’AUTEUR
En ce qui concerne la promotion de l’ouvrage, Amazon le propose directement et régulièrement sur son gigantesque réseau à ses clients dont il est capable de cibler les centres d’intérêt. L’auteur peut suspendre à tout moment s’il le désire l’exploitation de son livre dont il conserve les droits, ce qui est à mon avis un des grands atouts de cette forme de publication. Un autre avantage consiste à se servir de la publication numérique comme d’une preuve de dépôt en cas de procédure contre le plagiat, un risque qu’il ne faut pas négliger lorsqu’on est littérairement actif sur internet. C’est une sécurité à laquelle je suis particulièrement attentif, vigilant et réactif s’il le faut.
En conclusion provisoire, car j’aurai certainement l’occasion de revenir sur ce sujet, je pense que la publication numérique chez Amazon est aussi favorable à l’auteur au faible potentiel relationnel que la pratique de l’orgue peut être bénéfique au musicien timide.
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07 octobre 2015
Carnet / Du rythme intime
L’automne à ma fenêtre. Roses tardives, derniers cosmos.
Quelques jours avant, le rythme, les foules et les courants d’air des grandes avenues de Barcelone, son métro noir et moite, ses façades théâtrales, son passé austère, son futur clinquant et son présent fébrile, ses marchés en vitraux, ses palabres, ses nuits courtes, ses réveils agités, ses déjeuners sur le pouce.
Maintenant, retour aux heures lentes où l’on entend tomber les feuilles et craquer les arbres.
Les manuscrits à relire sans cesse, les projets à adapter après les avoir négligés, faire l’effort de s’imposer un peu, négocier juste ce qu’il faut. Relancer une ou deux personnes intéressées. Pas envie. On sait où me joindre. Ce qui doit arriver de bien doit arriver facilement ou ne pas arriver. Laisser venir, se tenir à distance sans rompre le fil mais sans se laisser entraîner par la vitesse des autres.
L’automne et l’hiver à ma porte mais de petites provisions de printemps et d’été dans mon esprit pour que le ciel reste ouvert.
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05 octobre 2015
Carnet / D’une étrange manie
Retour d’une semaine à Barcelone. Mon poids au début du séjour, 81 kg, mon poids au retour, 80 kg malgré les kilomètres de marche dans cette ville gigantesque et les repas de poissons grillés.
J’ai même réussi à avaler quelques coquillages, moi qui n’en mange jamais. Pour un tel résultat, pas la peine de s’obstiner avec ces machins à la consistance caoutchouteuse qui font crouips crouips quand ont les croque.
En plus, je n’ai pas grignoté un seul carré de chocolat de tout le séjour. Et toujours cette sensation bizarre des trajets en avion qui permettent de remonter la Rambla le matin et de flâner dans la campagne jurassienne l’après-midi. Voyager est une étrange manie.
Certes, heureux d’avoir arpenté cette ville fiévreuse et déraisonnable où l’on est accueilli partout avec sourires et gentillesse, mais mon tempérament me porte à préférer l’ambiance portugaise, à Porto où j’étais en juin dernier et surtout à Lisbonne où j’ai séjourné deux fois en 2013 et 2014 et où je retournerai le plus vite possible malgré ma peur de l’avion.
À la fin du vol pour Barcelone, une forte odeur de brûlé s’est répandue dans l’appareil. À l’avant, le personnel de bord regardait quelque chose à travers un hublot. Un homme de l’équipage est sorti de la cabine de pilotage pour jeter un coup d’œil dans la même direction et le visage d’un membre du personnel exprimait une réelle inquiétude. À l’atterrissage, plusieurs camions de pompier, des autos avec gyrophares et une ambulance se sont positionnés à côté de l’avion. Impossible de savoir ce qui s’est passé.
J’en conclus qu’il est inutile de se priver de plats en sauce et de chocolat.
03:31 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : carnet, note, journal, autobiographie, écriture de soi, prairie journal, voyage, barcelone, espagne, catalogne, christian cottet-emard, porto, lisbonne, portugal, carnet de voyage, blog littéraire de christian cottet-emard, coquillage, poisson grillé, chocolat, avion, risque, poids, repas