07 juillet 2014
Par pluie comme par beau temps
Dans le Jura français où j’habite il fait tellement mauvais qu’il faut allumer même en été si l’on veut prendre le café à l’aube
Un scientifique et un agriculteur me disent chacun dans leur langue et sans jamais s’être rencontrés que je suis un irresponsable de ne pas aimer les étés pourris
« Le beau temps est une anomalie climatique » m’explique le premier
« Tu préfères peut-être sucer des cailloux comme au désert » m’engueule le second sans prendre la peine d’arrêter le moteur de son tracteur assourdissant et puant
Le pire c’est qu’ils ont tous les deux raisons ils savent de quoi ils parlent
Mais ce qu’ils ne savent pas ou qu’ils ont relégué sur une voie de garage de leur cerveau c’est qu’être irresponsable est l’un des plus rares et des plus brefs plaisirs de la vie
Je pense à la réplique de Pialat en les regardant «Vous ne m’aimez pas je ne vous aime pas non plus»
Pas grave
Nous savons tous que nous ne sommes pas sur la planète Terre pour nous aimer les uns les autres mais juste pour
Nous maintenir en vie le plus longtemps possible et
Par pluie comme par beau temps éviter la dépression
Photo : l'été jurassien dans toute sa splendeur vu de chez moi en ce mois de juillet
(Extrait de Poèmes de Preben Mhorn) © Éditions Orage-Lagune-Express
01:56 Publié dans Poèmes de Preben Mhorn | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poèmes de preben mhorn, fiction, littérature, note, journal, pluie, beau temps, climat, été, été pourri, saison, dépression, pialat, maurice pialat, cinéma, sous le soleil de satan, palme d'or, cannes, blog littéraire de christian cottet-emard, campagne, jura, tracteur, agriculteur, scientifique, irresponsable, plaisir, vie, anomalie climatique, couvercle, ciel bas, dépression saisonnière, planète terre, été jurassien
31 mars 2014
Carnet / De l’heure (et de l'heur) d’été
Dans les années 80 du vingtième siècle lors d’un passage à l’heure d’été, j’avais écrit ce poème, L’heur d’été, que je n’aime plus aujourd’hui. Il est extrait de mon recueil L’Inventaire des fétiches que j’avais publié sans doute trop vite en 1988, une occasion favorable s’étant présentée. Détail amusant, quelques lecteurs de L’heur d’été avaient cru voir une coquille dans ce titre. Bien évidemment, j’écrirais ce poème d’une manière différente si je devais le faire aujourd’hui. Mais quand ce n’est plus l’heure, ce n’est plus l’heure... Et plus l’heur non plus.
L’heur d’été
Vers le cœur d’une grange
au sommet de l’été
une femme conduit
l’ombre de son désir
Elle a chevilles de gazelle
et mille caprices de chèvre
Son pas sécrète une alchimie
d’herbes en souvenance
mais le ciel des marelles
s’alourdit sur sa tempe
Il faudra tout l’orage
et son galop dans les avoines
pour alléger sa nuque
sous la poigne d’enfance
Aux mains dolentes des caresses
elle chaparde à la mémoire
ce moment dans la paille
pour le suspendre à la saison
Extrait de L'Inventaire des fétiches. © Éditions Orage-Lagune-Express, 1988.
01:32 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : heure d'été, heur, heur d'été, christian cottet-emard, l'inventaire des fétiches, poésie, littérature, poème, blog littéraire de christian cottet-emard, pendule, temps, été, saison
02 novembre 2013
En deuil des vivants
Il comptait sur l’hiver,
sur son office de ténèbres,
pour épouser ses deuils.
Mais la prière se mesure
à l’absence, à l’énigme,
au récit d’un été.
Les voûtes n’ont pas pu tenir
le retour d’une joie ancienne.
La nuit alourdit de pétales
la veillée des faux morts,
ceux dont l’oubli ne veut.
Variante (novembre 2013) d’un poème extrait de mon recueil Le Pétrin de la foudre, © éditions Orage-Lagune-Express, 1992.
02:05 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le pétrin de la foudre, éditions orage-lagune-express, poésie, littérature, carnet, journal, été, hiver, deuil, défunts, automne, jour des défunts, énigme, absence, voûte, pétale, joie ancienne, retour, blog littéraire de christian cottet-emard, reflet, vitrail