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10 août 2019

Le sens de l’eau

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Qu’importe aux sapins et aux épicéas ? Nourriciers, ils nous hébergent déjà et survivent mieux aux guerres parce qu’ils ne vivent pas dans le temps humain.

 

Nous pourrions les imiter un peu si nous n’avions pas perdu le sens de l’eau, si nous n’avions pas oublié l’intimité si vaste et sage avec son chant multiplié par les fontaines.

 

Forêt confiante en l’infinie courbure du temps, la vie repousse ici à chaque pulsation, à chaque battement de sève.

 

Rien ne nous allège plus qu’un arbre en la clairière, portant le ciel à bout de branches et le regard jusqu’aux lisières des nuages. En lui s’échangent les patiences et les lenteurs du monde, en marge de notre vitesse qui précipite chaque jour et l’abîme.

 

Extrait de mon recueil de proses courtes L'inventaire des fétiches, © Éditions Orage-Lagune-Express, 1988. Droits réservés.

Photo M-C C

 

05 décembre 2017

Carnet / Veille

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Ce soir au crépuscule, on aurait dit que le ciel voulait entrer dans la maison, vite, juste le temps d’une visite fastueuse et silencieuse. La nuit, la clarté des champs enneigés éclaire la moindre ramure de frêne et, sous un ciel bleu indigo, dessine en ligne claire les contours de chaque épicéa sur le flanc de la montagne. Un brusque et léger redoux apporte au parfum de la neige une note fugace d’herbe et de résine aussitôt masquée par l’odeur de la fumée d’une bûche qui s’enflamme plus lentement que les autres. Je referme la fenêtre entrouverte et je veille parce que j’en ai aussi bien l’inquiétude que le loisir.

Photo : hier soir chez moi au crépuscule (photo Christian Cottet-Emard)

 

26 octobre 2017

Douzième poème du bois de chauffage

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Voilà une belle journée pour le petit bois car cette nuit le grand vent a secoué les frênes et tout ce qu’il pouvait

 

Il faudrait remplir des brouettes avant la pluie le temps pourrait manquer

 

Mais j’ai compris que le temps a toujours été le luxe de ma vie étrange et je reste assis au milieu de la ronde des feuilles d’automne qui ressemblent à des papillons

 

Je me comporte donc avec le temps comme quelqu’un qui a gagné au jeu de hasard

 

Je le dépense je le perds je le gaspille autant que j’en ai envie

 

Un jour j’en aurai peut-être assez de gaspiller le temps sous les frênes devant ma brouette vide mais ce jour n’est pas encore venu

 

© Éditions Orage-Lagune-Express 2017

 Photo : ma vieille brouette